De nos jours
Une chambre à coucher d’un appartement apparaît dans un clair obscur. Une fenêtre au store entrouvert laisse passer la lumière. La lumière arrive sur mon visage. Les yeux fermés, je ronfle. Des traces de maquillage sur mon visage, allongée dans un lit, je dors sur les couvertures, habillée d'un t-shirt bleu et d’une culotte. Une personne frappe à la porte. J’ouvre les yeux. Je sors de son lit.
Marchant à petits pas, en m’étirant, je passe devant un dressing sans porte dans lequel sont empilés quelques vêtements roulés en boule.
La personne continue de frapper à la porte.
Les cheveux ébouriffés, je slalome entre les culottes et les chaussettes qui jonchent le sol.
La personne insiste, en frappant lourdement sur la porte.
En baillant, je tourne la clef dans la serrure timidement.
La porte s'ouvre. Monsieur Tarterin surgit.
Monsieur Tarterin. — … va falloir me les payer, vous entendez.
Je recule d’un mètre.
Moi. — Moins fort, oh !
Il s’avance vers moi.
Monsieur Tarterin. — Vos loyers ! Maintenant. Vous devez me payer vos loyers.
Je semble toute petite face à Monsieur Tarterin à la large carrure mais je ne me démonte pas.
Moi. — Ça peut se négocier ?
Monsieur Tarterin. — Non. Je vous connais.
Moi. — Bien sûr que vous me connaissez. Nora, qui ne la connaît pas ?
Flashback
Je me regarde dans un miroir, habillée d’une tenue chic. Je ris toute seule.
Moi. — Vous êtes bête ! Que vous êtes bête, Monsieur l’animateur ! Naturellement que je l’ai choisie moi-même, cette tenue. Vous êtes bête, Monsieur l’animateur !… Que dites-vous ? Que vous me trouvez ravissante dans cette tenue que j’ai choisi avec goût ? Flatteur ! Quel flatteur faites-vous ! Grand fou ! Que vous êtes bête, Monsieur l’animateur !… Et moi ? Que dites-vous, Monsieur l’animateur ? Que je suis belle ! La plus belle !
Plus tard dans la journée. Je cherche à imiter le hennissement d’un cheval mais mon imitation ressemble davantage à un caquètement.
Ma mère. — Une poule.
Moi. — Attend.
J’essaie d’imiter les mouvements de l’équidé.
Moi. — Alors ?
Ma mère. — Une poule.
Moi. — …
Ma mère. — C’était pas une poule ?
Moi. — …
Ma mère. — Tu pensais imiter une poule au casting ?
Moi. — Pas une poule. Un cheval.
Ma mère. — Un cheval qui imite une poule. On est bien d’accord ?
Moi. — Je vais trouver autre chose.
J’ouvre un sachet de préservatif.
Je le gonfle et en fait un nœud.
Je veux former un animal avec mais il éclate.
Moi. — Je vais trouver autre chose.
Quelques jours après. Dans un vestiaire d’une salle du casting.
Le numéro 79 agrafé sur mon haut, je montre de l’appréhension face à ma mère.
Moi. — Je n’ai jamais fait. Ça me fait peur.
Ma mère. — C’est normal. Mais ça va bien se passer. Dis-toi que les autres filles ici présentes sont comme toi. Elles appréhendent autant que toi.
Moi. — Si tu le dis.
Ma mère. — Je suis avec toi !… Et puis tu sais à la charcuterie, tu peux…
Je prends la direction de la scène, prudemment, en croisant des candidates en train de peaufiner leurs maquillages ou d’ajuster leurs tenues.
Steeve. — Je vous demande d’accueillir les candidates du dernier groupe. De la numéro 70 à la numéro 90. Quels talents vont-elles nous présenter ?
Des applaudissement s’entendent. J’avance vers la scène.
Je monte les marches menant à la scène, coincée entre des candidates bien habillées, bien maquillées, souriantes.
Tremblotante, je marche lentement sur la scène et ose à peine regarder les membres du jury et les spectateurs s’impatientant de connaître quel talent je veux leur montrer.
J’aperçois ma mère qui applaudit pour m’encourager.
Devant moi, un micro sur un pied.
Je le prends.
Je l’approche de ma bouche.
Moi. — Non, désolée, je crois que je n’ai aucun talent !
Les spectateurs éclatent de rire.
Steeve intervient, en se marrant.
Steeve. — C’était Nora. Notre candidate numéro 79, notre irrésistible humoriste candidate numéro 79, notre hilarante candidate numéro 79 venue nous présenter son talent caché.
Spectateurs. — Nora ! Nora ! Nora !
Steeve me raccompagne.
Steeve. — Vraiment très drôle ! Le coup de venir à un concours et d’annoncer : « Je n’ai pas de talent, aucun talent. » Comment tu dis ça ? Tu peux me le refaire ? S’il te plaît ?
Moi. — Non mais c’est juste que… je crois que je n’ai aucun talent !
Steeve. — Hilarant !
De nos jours
Le hall de mon logement. Monsieur Tarterin toujours là. À me quémander.
Monsieur Tarterin. — Vos loyers ! Maintenant. Vous devez me payer vos loyers.
Moi. — …
Monsieur Tarterin. — Vous avez compris ?
Moi. — Nora va… Je vais… passer à la banque. Venez chercher ça demain.
Monsieur Tarterin. — À ce soir, Madame.
Moi. — Mademoiselle. C’est Mademoiselle.
Monsieur Tarterin me regarde de haut en bas. Débraillée, en train de bailler, je me gratte les fesses.
Monsieur Tarterin. — Oui c’est vrai que…
Moi. — Que quoi ?
Monsieur Tarterin. — À ce soir, Mademoiselle.
Un taxi est garé devant une maison divisée en plusieurs appartements. La portière côté passager avant est ouverte. Je pose la main sur l’épaule du chauffeur.
Moi. — Elle va te payer.
Une ombre se profile derrière moi.
Le chauffeur de taxi regarde par-dessus mon épaule.
Ma mère. — Ma fille !
Je me retourne vers ma mère.
Moi. — Maman !
Elle me prend dans ses bras et m’embrasse.
Moi. — Maman, tu peux… Pour le taxi.
Ma mère. — …
Moi. — Je te rembourserai. Tu sais bien.
Ma mère paie la course au chauffeur de taxi.
Je tends la main.
Moi. — Maman ? Tu peux ?
Elle sort trois billets d’un porte-monnaie. Aussitôt mis dans ma poche.
Ma mère. — Ça suffira pour ton loyer ?
Moi. — …
Elle me donne un autre billet.
Ma mère. — Ça ira ?
Moi. — Un chèque, sinon.
Ma mère. — Un chèque ?
Moi. — Tu le signes. Je le remplirai…
Ma mère. — Je n’ai plus de chèque. Je vais devoir passer à la banque, ma fille. Demain j’irai. Je verrai ce qu’ils me diront. Tu t’es pas trouvée de travail ?
Moi. — …
Le lendemain. À la charcuterie.
Ma mère. — Ça y est, tu t’es décidée ! Tu vas enfiler ta tenue, s’il te plaît !
Moi. — Non, maman, je suis juste venue te demander un petit quelque chose. Tu te rappelles ? On en a parlé, hier. Pour mon proprio. Il est chiant, lui. Avec moi. Tu as de quoi ?
Elle se rapproche d’un mur couvert d’annonces.
Ma mère. — Tu t’es trouvée un travail ?
Moi. — C’est à dire que…
Elle arrache une annonce du mur.
Ma mère. — Parce que… on est venu déposer ceci… Prend-la. On sait jamais…
Elle insiste pour que je prenne l’annonce, même si elle semble peu intéressée.
Moi. — Mais, sinon, tu as de quoi ? Pour l’autre chiant.
Elle ouvre la caisse enregistreuse qui est vide.
Moi. — Tu n’es pas passée à la banque ?
Ma mère. — Si mais…
Je commence à m’intéresser au contenu de l’annonce.
Une main se pose sur mon épaule. Je bondis, en criant.
Monsieur Tarterin. — Vous devez me payer !
Ma mère s’interpose, dans une posture de défense.
Ma mère. — Monsieur, vous devez vous présenter !
Moi. — Je t’en ai parlé, c’est mon proprio, Monsieur Tarterin. Je lui dois un loyer.
Monsieur Tarterin. — Trois loyers.
Je baisse les yeux devant Monsieur Tarterin.
Ma mère. — Elle a trouvé un travail !
Monsieur Tarterin. — Mais bien sûr…
Elle attrape ma main dans laquelle je tiens l’annonce.
Ma mère. — Montre lui ! Qu’il la…
Elle se retient de l’insulter.
Quelques jours plus tard. La terrasse d’un bistro.
Je me présente. Karl, le patron de l’établissement, se trouve assis à une table.
Moi. — Vous me reconnaissez ?
Karl. — ??
Moi. — Mais si…
Flashback
Devant château émission TV réalité.
Steeve ouvre une enveloppe cachetée. Il en sort un petit carton. Il regarde le nom inscrit dessus.
Steeve. — Et cette année, la grande gagnante est… Nora !
De nos jours
Karl est toujours assis à une table et m’observe sans sembler me reconnaître.
Karl. — La dame veut quelque chose ?
Moi. — C’est vous le patron ici ?
Karl. — Oui.
Moi. — Bonjour Monsieur ! Je m’appelle Nora.
Karl. — Bonjour Nora !
Moi. — Paraît que vous cherchez quelqu’un pour le service ici.
Karl. — Ça se pourrait.
Moi. — Ça se pourrait ?
Karl. — Faut voir. Vous pouvez nous préparer un petit quelque chose ?
Moi. — Vous voulez ? Un petit quelque chose. Je peux, si vous voulez. Je sais faire… Ma maman me dit que…
Karl. — Montrez-moi.
Moi. — Ah oui. Ça, oui, je peux… je sais… je crois… j’essaie… Vous me direz.
Après quelques épreuves inventées par Karl.
Je recule lorsque Karl se lève de sa chaise. Je la remets sous la table, il remarque ça.
Karl. — Bien joué, Nora !
Moi. — Vous ne m’aurez pas comme ça. Je le veux ce poste. Je le veux et je l’aurai.
Karl. — Tu m’as l’air motivé, Léa. C’est une bonne chose. Aujourd’hui, il n’y a pas grand monde. Mais il y a des jours où c’est blindé, ici. Et il faut être motivée pour servir les clients, tous les clients.
Moi. — Même les plus chiants.
Karl. — Même les plus chiants.
Nous rigolons ensemble.
Karl. — Et des clients chiants, il en passe souvent. Très souvent. Enfin, c’est toi qui veut être serveuse. C’est toi qui te débrouilleras avec eux. Moi je ne suis que le patron.
Moi. — C’est déjà beaucoup. Il faut bien que quelqu’un remplisse les chèques pour les employés, pour les serveuses, pour la gentille serveuse dévouée et motivée…
Karl. — Je ne peux pas embaucher n’importe qui.
Moi. — Je comprends.
Karl. — Ça n’est pas contre toi. Tu m’as l’air sympathique, Nora.
Moi. — Et motivée.
Karl. — C’est simplement que j’ai appris à me méfier de ces jolies jeunes femmes qui viennent me courtiser pour être mes employées. Sous des apparences, on peut cacher beaucoup.
Moi. — Je vous le confirme. Des connasses, j’en croise presque chaque jour. Autant que des connards, d’ailleurs. Mais je sais comment les gérer. Je gère. Que voulez-vous savoir de moi ? Voulez que je vous rassure. Alors, demandez-moi. Je suis à votre disposition, patron.
Karl. — Suis moi !
Moi. — Je vous suis, patron.
Karl. — Et arrête de m’appeler, patron ! C’est loin d’être fait, ma jolie. Je les connais, les filles comme toi.
Moi. — Je ne suis pas comme ces filles-là.
Karl. — Bon d’accord. On va appeler ça une mise en situation. Tu joues le rôle de la nouvelle serveuse que je viens d’embaucher et je joue un client.
Moi. — Un client chiant ?
Karl. — Un client.
Je laisse entrer Karl en premier dans le bistro.
Moi. — Je vous en pris, Monsieur.
Karl. — Bien joué, Nora !
Moi. — Je veux ce poste.
Karl. — Des problèmes d’argent ?
Moi. — Pour être franche avec vous, mon proprio est un gros con. Il me suit partout. Il m’espionne. Tout ça pour quelques impayés. Ça peut arriver, quand même. De légers retards de paiement. Ça arrive à tout le monde, ces choses-là. N’est-ce pas ?
Karl. — Prend donc place derrière le comptoir.
Je cours m’y installer.
Je m’accoude au comptoir, bras ouverts, comme prête à accueillir la clientèle.
Moi. — Je me sens ici comme chez moi. Quand est-ce qu’on commence ?
Karl. — Je reviens.
Il sort du bistro.
Flashback
Un photographe ouvre un sac à dos et en sort un appareil photo. J’enlève ma chemise et ma jupe et me retrouve en maillot de bain. Il visse un objectif, installe un flash. Il enlève le capuchon de l’appareil photo.
Entre les rochers, je pose en maillot de bain. Il prend plusieurs photos. En bord de mer. Allongée sur la plage.
Je fais une pose ressemblant à une statue égyptienne. Le photographe shoote.
J’essaie de faire le poirier mais retombe aussitôt.
Moi. — Merde !
Je lui fais signe d’attendre
Moi. — Je vais trouver autre chose.
Devant ma mère, je déplie un poster sur lequel j’apparais en train de poser sur la plage.
Moi. — Tu en penses quoi ?
Ma mère. — Tu es très jolie.
Moi. — Y’a un problème ?
Ma mère. — Non. Très bien.
Moi. — S’il y a un problème, tu le dis. Je le renvoie.
Ma mère. — Non. Très bien.
Ma mère dédicace des posters au nom de Nora.
Je visite un studio d’enregistrement apparemment inoccupé. J’essaie un casque, le repose, en essaie un autre. Je joue quelques fausses notes à un piano.
Une musicienne se présente.
La musicienne se présente. — Tu es arrivée ?
Moi. — On peut écouter le morceau ?
Nous écoutons ensemble un enregistrement sonore.
La musicienne. — Dis-moi franchement ce que tu en penses ?
Moi. — Franchement ?
La musicienne. — Franchement.
Moi. — Franchement… Je like !
Je tiens devant la musicienne la feuille contenant les paroles d’une chanson écrite par elle.
Moi. — Franchement…
La musicienne. — Les paroles. Dis-moi. Franchement ?
Moi. — Franchement… Tu veux mon avis ?
La musicienne. — Je t’écoute.
Moi. — Franchement… C’est vraiment de la merde, ton truc. Autant la musique. Mais, là. Les paroles de la chanson. C’est vraiment de la…
Elle paraît contrariée.
Moi. — Sérieusement. Tu vois Nora chanter une bouse pareille ? Ah ! Tu t’es pas foulée. Vraiment à chier, ton truc. On dirait du… Comme qu’il s’appelle l’autre, déjà, celui avec ses chansons, de la daube, comment déjà ?
La musicienne. — Je vais te proposer autre chose !
Moi. — Une autre bouse pour Nora ?
La musicienne. — Autre chose.
Moi. — Pas une bouse ?
La musicienne. — Autre chose.
Je chiffonne la feuille, la jette en direction d’une poubelle. Elle rebondit sur le rebord et atterrit à côté.
Plus tard.
La poubelle du studio d’enregistrement est entourée de boules de papier.
Je lis une feuille contenant des paroles de chanson.
Je souris.
Moi. — Je like !
De nos jours
Le bistro. Derrière le comptoir.
Nora attend quelques instants, en se tournant les pouces.
Portant un large manteau, un chapeau et des lunettes, entre Karl imitant un ivrogne bourré.
Karl. — Espèce de petite salope, est-ce que tu peux me servir un lait fraise ?
Moi. — Vous me demandez un lait fraise ? C’est bien ça, un lait fraise. D’un autre côté, vous me traitez de petite salope, sans me connaître. Je vous informe, cher Monsieur, que je ne suis pas une petite salope. Si vous cherchez une serveuse qui serait une petite salope, je vous conseille de vous rendre dans le café d’en face. Il s’y vend aussi du lait fraise, là-bas. Des barriques de lait fraise.
Je sors de derrière son comptoir et le raccompagne vers la sortie du bistro.
Moi. — Pour information, le lait, il vient directement des pis de la serveuse, la salope de serveuse. Je vous le conseille.
Je pousse sur les fesses Karl.
Moi. — Allez ! On ne traîne pas ici. Y’a rien pour vous ici. Bonne journée, Monsieur !
Je traverse la terrasse du bistro et arrive dans la rue, en lui indiquant le trajet menant à un café concurrent.
Il m’arrête.
Karl. — Bien joué, Nora!
Je lui souris et il retire son chapeau et ses lunettes.
Moi. — Faut pas se laisser envahir par les emmerdeurs. Le bistro est un endroit à respecter. Le bistro accueille les personnes respectables.
Karl. — Exactement ce que je voulais t’entendre dire. Je suis entièrement d’accord avec toi. Je pense avoir trouvé la serveuse que je recherchais.
Moi. — C’est moi ?
Karl. — Viens avec moi !
Il me tend la main.
Moi. — On va où, patron ?
Karl. — Tu me fais confiance ?
Moi. — Oui, patron. Toujours. Vous êtes mon patron, je vous fais entièrement confiance. Normal, vous êtes mon patron.
Pressant le pas, nous traversons la terrasse, nous passons devant le comptoir.
Karl. — On va dans mon bureau !
Moi. — Ça veut dire que vous m’embaucher ? C’est d’accord ?
Karl. — Mais… Je crois bien que oui.
Moi. — C’est vrai ?
Karl. — Mais oui.
Il passe un bras autour de ma taille et me dirige vers son bureau.
Karl. — Tu viens ?
Moi. — Oui patron. C’est pour le chèque ?
Il s’arrête.
Karl. — Le chèque ? Quel chèque ? Tu n’as pas commencé et tu veux déjà un chèque ?
Je fais un check à Karl.
Moi. — Check !
Karl. — Check !… Il doit me rester des contrats dans mon bureau, je crois.
Nous entrons dans le bureau. Une pièce qui ressemble davantage à un baisodrome.
Moi. — Jolie décoration !
Karl. — Ah oui.
Il fouille dans des tiroirs, sort un fin paquet de feuilles agrafées les unes aux autres.
Karl. — Voilà le contrat !
Il pose le contrat devant moi et me tend un stylo, en indiquant l’emplacement où signer.
Karl. — Tu signes là !
Je tourne les pages.
Moi. — Je peux le lire avant ?
Il plaque le contrat sur un meuble devant moi.
Karl. — Tu me fais confiance ?
Moi. — Mais oui, je vous ai dit oui mais c’est maman, elle me… Enfin, il me semble qu’avant de signer un contrat, il faut toujours… Enfin, bon, je signe où ?
Il désigne l’endroit où je dois signer le contrat me liant avec lui.
Moi. — Bon, je signe ?… Oui, je signe.
Karl récupère le contrat, de suite après la signature.
Flashback
Un tapis rouge déroulé qui mène à un plateau de télévision d'une émission diffusée en direct. Des spectateurs assis dans des gradins autour d’une petite table ronde. Océane range des fiches, d’autres chroniqueurs sont à ses côtés.
Steeve. — Je vous demande d'applaudir Nora !
Les spectateurs applaudissent.
Steeve. — Nora… La splendide Nora…
Les caméras présentes sur le plateau TV se tournent vers moi lorsque je fais mon apparition sur le tapis rouge. Elles me suivent jusqu’à mon entrée. Un chauffeur de salle montre une pancarte aux spectateurs présents dans les gradins. Sur la pancarte est inscrit "NORA ! NORA ! NORA !".
Les spectateurs applaudissent.
Spectateurs. — Nora ! Nora ! Nora !
Steeve me prend dans ses bras lorsque je le rejoint, et il m’embrasse.
Entourée de Steeve, d’Océane et des chroniqueurs, je suis assise à la petite table ronde. Les caméras pointées sur moi.
Steeve. — Un prince charmant depuis votre sortie du château.
Je ne réponds pas.
Steeve. — Pas de prince charmant ?… Vous restez secrète sur la question ?
Moi. — C’est que Nora… Depuis sa sortie du château, les galas de charité auxquels elle est conviée… Les œuvres de bienfaisance. Le tour des plateaux télé… N'est-ce pas ?
Steeve. — Oui bien sûr.
Océane. — Et un livre bientôt en librairie ? J'ai ouïe dire…
Moi. — Oui, un livre qui retrace le parcours de Nora.
Océane. — Une biographie ?
Moi. — Oui une biographie de Nora, je viens de vous le dire.
Océane. — C’est vous qui l'avez écrite ?
Moi. — C’est-à-dire que… C’est une biographie de Nora.
Océane. — Non, ça n'est pas vous.
Moi. — Et bien…
Océane. — Vous ne seriez pas la première…
Moi. — Et bien…
Steeve regarde la caméra.
Steeve. — On se retrouve tout de suite après une page de publicité.
Je fais signe à Steeve de se rapprocher.
Moi. — Elle est toujours comme ça votre chroniqueuse ?… Vous lui demanderez de se calmer.
Océane se rapproche.
Océane. — À qui ?
Moi. — À ton cul !
Océane tapote sur l’épaule de Steeve.
Océane. — Je t’avais bien dit… Comment elles sont maintenant, celles-là.
Je m’adresse à elle.
Moi. — T’as dit quoi, là ?
Océane. — Je te parle pas, toi.
Je me lève et me dirige vers la sortie du plateau.
Steeve. — Nora ? Que faites-vous ?
Océane. — Ça ne sera pas la première…
Steeve m’attrape par le bras alors que je marche sur le tapis rouge.
Steeve. — Nora, l’émission va reprendre.
Je m’arrête.
Steeve. — Nora… S’il vous plaît.
Je reviens vers la petite table ronde, accompagnée de Steeve.
Océane. — Attend au moins qu’on soit à l'antenne pour ça… Pour le buzz.
Steeve. — L'émission va reprendre.
Océane. — Toutes les mêmes…
Moi. — Nora va lui foutre une baffe à celle-là…
Steeve me prend par la main.
Steeve. — Nora…
Il me prend dans ses bras.
Moi. — Nora va lui foutre une baffe à cette connasse. Si elle veut du buzz elle va en avoir. Un gros buzz dans son pif.
Steeve. — L'émission va reprendre. Calmez-vous.
Moi. — À Nora de se calmer mais c'est elle. C’est l’autre, là…
Océane. — Encore une hystérique.
Steeve me tient le bras.
Steeve. — Nora…
Moi. — …
Steeve. — Nora, vous reprenez votre place.
Moi. — Oui, c’est bon.
Steeve. — L’émission va reprendre.
Sur une petite scène, je chante une partie de la chanson composée, musique et paroles, par la musicienne.
Après l’émission. Steeve ouvre la porte de sa loge. J’entre.
Steeve. — Tu veux voir la courbe ?
Moi. — Tu es seul ?
Steeve. — Oui.
Je passe ma main dans ses cheveux.
Moi. — Nora voulait te dire quelque chose.
Steeve. — Ah oui ?
Je caresse sa nuque. J’essaie de l’embrasser sur la bouche.
Steeve. — Que… ?
Il me retient par le bras.
Steeve. — On n’avait pas dit ça.
Moi. 1 Et alors ? Tu refuserais ça à Nora ?
Steeve. — Quoi ?
Moi. — Ça !
Je mets ma main dans le pantalon de Steeve. Il lâche le programme de la soirée. Le papier vole. J’attrape Steeve par le col. Je déboutonne sa chemise.
De nos jours
J’essuie des verres derrière le comptoir. Monsieur Tarterin s’installe devant moi.
Monsieur Tarterin. — Tu travailles ici, Nora?
Moi. — Oui Monsieur Tarterin. J’ai été embauchée. Je vais pouvoir vous payez vos loyers. Vous désirez ?
Monsieur Tarterin. — Je vais prendre un café. Si c'est possible ?
Moi. — Bien sûr que c'est possible.
Le soir. Dans ma chambre, assise sur mon lit, je mets des collants.
Ma mère. — Et le patron ?
Moi. — Sympa.
Ma mère. — Et il est réglo ?
Moi. — Je gère.
Ma mère. — Tu me le dirais si…
Moi. — Si quoi ?
Ma mère. — J’en sais rien. Un exemple, comme ça : Si… Tu me le dirais ?
Moi. — …
Ma mère. — Je dis ça comme ça.
Moi. — Il est sympa.
Ma mère. — Sympa qui fait des avances ?
Moi. — Je t’en aurai parlé si… Enfin, tes conneries, là. Tu le sais.
Au bistro. Derrière le comptoir.
Une main se pose sur mes fesses.
Moi. — Oh !
Je me retourne et m’aperçois qu'il s’agit de Karl.
Moi. — Ah. C’est toi.
Karl. — Ça se passe bien ?
Moi. — Oui patron. Très bien. Comme d’habitude. Je gère.
Nous nous embrassons sur la bouche.
Mon chemisier un peu déboutonné, je regarde ma mère finir son verre, au milieu de plusieurs clients.
Moi. — Deux euros soixante !
Elle me donne un billet de cinq euros.
Ma mère. — J’ai que ça sur moi.
Moi. — Ça ira.
Je lui rends la monnaie.
Moi. — Voilà.
Ma mère. — Merci ma fille. Ma mère. — Bonne soirée !
Elle s’éloigne du comptoir, sort du bistro.
Je mets le billet de cinq euros dans ma poche, discrètement. Je ferme la caisse enregistreuse.
Je porte un corset à lacets ouvert et me rapproche de Bérénice, une nouvelle employée embauchée dernièrement pour les soirées de grande affluence.
Moi. — Tu peux ?
Bérénice lace mon corset.
Bérénice. — On dit qu’il paie bien ?
Moi. — Il paie. Pour ce qu’il te demande de faire. Tu t’occupes du service, il paie. Bérénice. — Tu danses, il paie.
Moi. — Tu le baises, il paie ?
Bérénice. — N’importe quoi.
Moi. — On peut piquer dans la caisse ?
Bérénice. — N’importe quoi.
De la musique Rock se laisse entendre. Sur une table, en tenue sexy, j’apparais. Je me déhanche sur la table. Je poursuis mon show, en dansant au milieu du bistro rempli de clients dont Monsieur Tarterin applaudissant.
Des clients coincent des billets entre l’élastique de mon string et ma hanche droite.
D’un sourire, Karl approuve et recommande d’en ajouter d’autres, tout comme Monsieur Tarterin qui semble songer aux loyers impayés.
Une fois le commerce vidé de ses clients, Karl tend la main, en demande des billets récoltés
Karl. — En compensation de tous ceux que tu as piqués dans la caisse.
Moi. — Mais…
Il m’embrasse sur la joue.
Moi. — Je viens dans ton bureau ?
Karl. — Ah non. Tu fais le ménage.
Moi. — Mais…
Bérénice enlace Karl.
Bérénice. — J’ai quelque chose à te montrer.
Ils s’embrassent sur la bouche.
Moi. — Mais…
Ils se dirigent vers le bureau, en me laissant derrière eux.
Moi. — Mais…
Flashback
Un magasin de vêtements. Devant la vendeuse et plusieurs cartons d’emballage, je cherche ma carte de crédit dans mon sac à main.
Moi. — Où elle est passée celle-là ?
Ma mère me regarde.
La vendeuse. — Nora, ne vous en faites pas. On va noter. Vous passerez dans la semaine.
Moi. — Ah. Merci Madame.
La vendeuse. — Pour notre meilleure cliente, on peut bien faire ça.
Nous sortons de la boutique de vêtements. Ma mère porte plusieurs sacs.
Moi et Steeve attablés. Chez lui.
Moi. — Tu n’oublieras pas d’envoyer une carte à Nora ?
Steeve. — Oui, bien sûr.
Moi. — Tu ne dragueras pas trop. Nora n’aime pas ça.
Steeve. — Tout de même…
Moi. — Nora rigole. Le casting de cette année : Que des poufs.
Steeve. — Possible.
Steeve se lève de table. Je l’attrape par le bras.
Moi. — Tu vas où ?
Steeve. — J’ai de la route, Nora. Et la nouvelle émission à préparer.
Moi. — Ta direction est au courant pour ta chroniqueuse ?
Steeve. — Comment ça ?
Moi. — Tu sais bien. Son comportement avec les invités. Avec Nora. Tu devais leur en toucher un mot.
Steeve. — Je vais en discuter mais je ne peux rien te promettre. Les contrats, tu sais comment ça se passe. Et la courbe.
Moi. — Ta fameuse courbe.
Steeve. — Cette chroniqueuse fait monter la courbe. Les chiffres le prouvent.
Moi. — Moins que Nora, moins que Nora.
De nos jours
Je débarrasse les tables.
Moi. — M’emmerde aussi l’autre connard. Ses heures sup. Son contrat de merde. La prochaine fois, il ira se les foutre au cul. Et bien profond.
Je réalise un double doigt d’honneur à personne dans le bistro.
Moi. — Grand con !
Je visualise le nombre de tables restant à débarrasser dans le bistro.
Je traîne un sac poubelle, en traversant la terrasse. Il craque. Les ordures se déversent sur le trottoir. Je m’assois au milieu de tout ça. Des larmes coulent le long de mes joues.
Je dirige ma mère vers la sortie du bistro.
Moi. — Allez ! Maman !… Tu veux pas rentrer, maman ! Je gère ça. Je sais très bien ce que j’ai à faire. Ne t’inquiète pas pour moi. Je gère.
Ma mère. — Tu gères ? Tu gères ?
Moi. — Je gère, maman. Tu peux rentrer tranquillement chez toi. Allez ! Rentre chez toi, maman !
Je pousse ma mère vers la sortie.
Moi. — Bonne soirée, maman !
Ma mère. — Pense à ce que je t’ai dit.
Moi. — Oui, oui, maman…
Ma mère. — Tu viens travailler avec moi à la charcuterie quand tu veux.
Moi. — Oui, oui, maman ! Bonne soirée, maman ! Bonne nuit, maman !
Je sors ma mère du bistro et ferme la porte. Je lui fait un coucou à travers la vitre de la porte et l’observe s’éloigner. Je me retourne.
Je marche d’un bon pas vers Karl et Bérénice, je passe devant un groupe de trois musiciens en train de terminer d’installer leurs instruments dans un coin du bistro servant de scène.
Je me rapproche de Karl lorsqu’un chanteur guitariste chante les premières paroles d’une chanson, en grattant les cordes de sa guitare.
Moi et Karl nous disputons sans que l’on entende les mots échangés car la bassiste et le batteur jouent de leurs instruments en même temps, tout comme le chanteur guitariste.
Je croche dans le col de Karl au moment où les musiciens stoppent le premier morceau de leur répétition avant le concert du soir.
Moi. — Tu pourrais au moins le reconnaître, que tu as été un vrai connard avec moi. Je t’ai aimé. Tu as joué avec mes sentiments. Tu m’as trompé.
Karl me laisse parler, même s’il semble en désaccord.
Moi. — Comment peut-on faire une chose pareille à quelqu’un qui nous aime ? Franchement, je sais pas pourquoi je reste bosser dans ce bistro de ploucs.
Karl. — …
Je croche, de nouveau, dans le col de Karl et le tire vers moi, alors que de la musique douce sort des hauts-parleurs du groupe de musiciens et que des clients dansent.
Karl. — Tu vas pas recommencer, Nora ?
Moi. — On va le rompre, ce contrat ! Cette fois, c’est décidé. On peut s’arranger, non ? À l’amiable ?
Karl. — …
Moi. — Je crois que c’est mieux, ainsi. Tu pourras te taper l’autre autant que tu le veux. Il est où ce contrat ? Qu’on en finisse. Moi je veux dégager de ce bistro de ploucs.
Karl. — Tu as trouvé un autre travail ?
Moi. — …
Je tire sur sa chemise et la déchire.
Karl. — Eh ! Putain !
Moi. — Il est où ce contrat ?
Karl. — Tu veux faire quoi ?
Nora. — Je veux en faire des miettes.
Karl. — Si ça t’amuse… Pour moi, de toute manière, c’est comme-ci tu ne faisais déjà plus partie de la maison. Ton comportement…
Nora. — Quoi ? Mon comportement ? C’est toi. T’as vu comment tu t’es comporté avec moi. Tu parles d’un patron…
Il sort le contrat d’un tiroir et le déchire.
Karl. — C’est bon, tu peux rentrer chez toi.
Moi. — Sans mon chèque du mois ? Tu blagues ?
Bérénice se rapproche de nous.
Karl. — Le contrat est déchiré. Plus de chèque pour toi. C’est ce que tu voulais, non ?
Moi. — Putain ! Connard !… Mon dernier mois envolé ?
Karl. — Le contrat est déchiré. Plus de contrat, plus de chèque. Normal, non ?
Il me sourit.
Moi. — T’es un vrai connard. Espèce de… Connard !…
Karl. — On s’est arrangé. À l’amiable.
Moi. — À l’amiable ? Une blague. Tu veux garder mon dernier salaire, connard.
Karl. — Elle a fait que deux jours, ce mois-ci. Je ne vais quand même pas la payer un mois entier pour deux jours ?
Bérénice. — … Bah non.
Karl. — C’est elle qui blague.
Bérénice. — … Bah oui.
Je la pousse.
Bérénice. — Oh !
Karl intervient. Il me gronde.
Karl. — Mais ça va pas, Nora !
J’envoie un coup de genou entre ses cuisse. Il tombe à genoux.
Moi. — Avec moi, on rigole pas. On se fout pas moi. Surtout des types comme toi. Tu me files mon dernier salaire. Que j’ai largement gagné. Avec toutes les heures sup non payées. Sinon, ta gueule… et ton bistro… ils vont morfler. C’est moi qui te le dis.
Karl. — L’assurance paiera.
Je renverse une table et des verres se cassent en rencontrant le sol puis je sors du bistro.
Flashback
Nora pose plusieurs vêtements sur la caisse de la boutique de vêtements.
Nora. — Noter donc.
La vendeuse. — C'est-à-dire que…
Nora. — Noter, je passerai dans la semaine.
La vendeuse. — C'est que… Non, je peux pas vous faire ça, madame… On a des indications.
Nora. — Pour votre meilleure cliente ? Vous ne pouvez pas faire ça ? Pour Nora ?
La vendeuse. — Pour notre meilleure cliente, oui.
Nora. — …
La vendeuse. — Notre meilleure cliente, c'est elle.
La caissière montre une affiche sur laquelle apparaît ELFI. C’est l'égérie d’une marque de vêtements vendus dans le magasin.
Des photos encadrées grand format la représentant sont présentes dans toute la pièce. Je m’assoit sur une chaise. Je tourne le bouton d'un poste radio. La chanson d’Elfi passe sur plusieurs chaînes de radio.
Vautrée dans le canapé, Rachel regarde la télévision. Un vidéo clip d’Elfi apparaît sur l’écran. J’éteins la télévision.
Ma mère. — Mais c'était El…
Moi. — Des âneries.
Ma mère. — … fi.
La lumière s’éteint dans la pièce.
Ma mère. — Nora ? Pourquoi tu as… ?
Moi. — C’est pas moi !
J’appuie sur l’interrupteur. La lumière ne revient pas dans la maison.
Ma mère. — Des factures en retard ?
Moi. — …
Ma mère. — Tes disques ne se vendent plus ?
Moi. — …
Ma mère. — Si tu veux venir me donner un coup de main, à l'occasion. Tu seras la bienvenue.
Moi. — C'est la tempête, ça.
Ma mère. — Tu crois vraiment ?
Moi. — Mais oui.
Ma mère. — La charcuterie, je t'ai dit. Si tu veux venir travailler avec moi…
Moi. — Tu m'emmerdes. Le public attend un nouvel album de Nora.
Ma mère. — En es-tu vraiment sûre ?
Chez un disquaire. Les bacs sont remplis de disques d’Elfi. Celle-ci pose nue sur la pochette de ces disques. Pendant que je place les disques "NORA" devant les autres sur l’étalage, ma mère prend un disque d’Elfi.
Moi. — Repose-moi cette cochonnerie !
Ma mère. — Pourquoi ? J’aime bien moi, Elfi.
Moi. — …
Je mets un coup de sac à main à un vigile qui me prend le bras.
Moi. — Lâche-moi, connard !
Devant une salle de spectacle. Un cordon de sécurité derrière lequel sont parqués des photographes qui shootent les artistes musicaux qui se présentent à eux. Un tapis rouge déroulé.
Steeve m’interviewe.
Moi. — Les soirées de gala, les repas, les remises de prix. Le show-biz, tu sais. Nora est en pleine négociation d'une tournée internationale.
Océane. — C’est ça… C’est ça…
Moi. — Le show-biz, tu sais.
Steeve. — Je comprends. Il faudra donc attendre un peu avant la sortie d'un nouvel album.
Océane se met à ricaner.
Moi. — T’y connais rien, en fait. La musique. Tu t’en fous. Ce qui t'intéresse ce sont les jolis petits culs des danseuses qui trémoussent leurs jolis petits culs de danseuses.
Je mets une claque à Steeve.
Moi. — Gros porc !
Je suis refusée d’entrer dans la salle de spectacle par des vigiles car je n’ai pas d’invitation à leur présenter.
De nos jours
Je prends place derrière la vitrine d’une charcuterie, aux côtés de ma mère souriante en train de positionner des blocs de pâté dans des bacs.
Monsieur Tarterin indique une andouillette.
Moi. — Laquelle ?
Monsieur Tarterin. — La plus grande.
Ma mère me donne un chèque signé par la patronne du commerce.
Je tends une liasse de billets à Monsieur Tarterin, la somme demandée pour un dernier loyer à lui payer.
Moi. — Voici pour vous. Le compte y est ?
Monsieur Tarterin compte les billets.